Communs/Gérer les communs

From Communauté de la Fabrique des Mobilités

Introduction[edit | edit source]

Pour gérer les communs dans la Fabrique, nous proposons aux différents communs de se guider des 6 ingrédients du framework unisson. Ils sont repris ci dessous. Il y a possibilité d'utiliser ce framework directement sur le site des communs de la fabrique : http://communs.lafabriquedesmobilites.fr ou en utilisant ce modèle.

La Fabrique de la mobilité est elle même analysée ici en tant que commun. http://communs.lafabriquedesmobilites.fr/#/p/890

Les 6 ingrédients[edit | edit source]

Voici 6 points à analyser qui peuvent à aider à décrire le commun et à le gérer de la manière la plus appropriée. Les descriptions proposent un idéal pour faire le plus "commun" autour d'un projet. N'entrez pas dans le détail au démarrage de la construction du commun, c'est petit-à-petit qu'il faudra approfondir ces questions, si cela vous semble nécessaire.

Autre ressource : Mémoire d'Alexandre RUIZ, Univ. Nice sur le référencement des Communs de la Fabrique des Mobilités et présentation associée

Contribution[edit | edit source]

Comment le projet permet il la contribution à tous et sur le long terme ? Quels moyens pour rendre visibles les actions ?

Description -> Chacun peut contribuer au projet en nature et financièrement. Les actions à réaliser sont visibles et il est simple de venir proposer des améliorations. Le projet permet à chacun de proposer des améliorations (par exemple, un lien vers l'information sur comment contribuer). Les outils de productions sont accessibles à tous. Les espaces où sont affichées les actions à réaliser sont visibles ainsi que les rôles à prendre en charge. Les éléments sont facilement accessibles (github, wiki, etc...) et il est possible de les améliorer et de proposer des améliorations (pull request, commentaires, etc..). On pourra regarder aussi si le collectif a attiré de nouveaux membres ou si le collectif a perdu des membres et pourquoi. Le projet affiche des indicateurs de son évaluation et les met à jour.

Intérêt -> Cela favorise la contribution de tous au projet et donc un développement plus rapide de l'initiative, ainsi qu'une meilleure adaptation aux usages de chacun. Si le projet est appropriable, cela évite d'avoir des projets concurrents qui démarrent car ne pouvant pas s'impliquer dans cette initiative.

Exemples -> Mise en place de "Sessions de contribution", Outils Trello, Github, Transifex ou translatewiki pour les langues, etc... Par exemple, Wikipedia favorise la contribution de chacun de manière très simple. Exemple : En affichant les licences utilisées dans le logiciel libre, il est facile de s'impliquer car la licence protège le contributeur.

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Partenaires[edit | edit source]

Quelle manière le commun a t'il de nouer des partenariats avec des acteurs privés et publics ? Quelles approches utilisées ?

Description -> L'enjeu est ici de réussir à coopérer avec des partenaires, des acteurs publics et privés pour qu'ils puissent soutenir le commun. Il est intéressant ici de décrire les relations qui sont nouées et quels engagements a pris le commun vis à vis de ces partenaires. Il y a par exemple un enjeu à favoriser le développement de services autour du commun (à l'image des sociétés de service en logiciel libre) tout en protégeant le caractère "commun" de l'initiative. Le service public autour d'un commun doit aussi pouvoir s'organiser pour éviter à l'acteur public de construire en dehors des communs. Nous devons décrire ici comment est rétribué le commun quand il est utilisée par les partenaires. Au vu de ces enjeux, il est question de mettre en place une méthode de développement de services autour des communs au sein de la Fabrique des Mobilités, que l'on peut considérer comme une "Chambre des communs"

Intérêt -> Les partenaires commerciaux et publics ont des objectifs différents et des contraintes différentes du commun (separation of concerns). Par exemple, l'entité commerciale sais ce qu'elle va produire et a un budget pour cela, elle est contrainte, elle prend des risques aussi car elle s'engage. Son image de marque peut être mise en péril si elle n'assure pas une "commande" ou une "prestation". L'acteur public a quand à lui un rôle à jouer dans ce qui est planifiable, là où l'on est relativement sûr du résultat (une route, la fibre optique) car il est mis sous pression par les enjeux électoraux et les réglementations. Son rôle est de mettre en place un service public de qualité. Le commun semble assez différent. Il produit pour lui même, peut ne pas avoir à planifier, va souvent recevoir des dons à posteriori, en dehors de logiques de marché. C'est là qu'il y a un enjeu à bien organiser les rôles afin de permettre à plusieurs entités commerciales de faire du "commercial" et à l'acteur public de faire du service public autour des communs. Mais sans oublier de nourrir le commun. De bonnes approches partenariales permettent le développement des services autour d'un commun (formation, prestation, conseil, accompagnement...), tout en permettant au commun de ne pas se détourner de son objectif.

Exemples -> La méthode "prestation autour de communs" peut être un outil à explorer : http://unisson.co/prestation. Des outils sont cours de construction pour présenter les liens économiques des acteurs publics et privés utilisant les communs (voir à ce sujet cet exemple : http://encommuns.org/#/economique)

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Gouvernance[edit | edit source]

Comment est pensée la gouvernance pour permettre à tous de s'approprier le commun sans pour autant réduire l'initiative individuelle ?

Description -> Votre initiative progresse par décisions horizontales collectives. L'organisation est transparente. L'ensemble des informations du projet (économique, humaine, etc...) sont publiques. Il y a des informations en ligne sur le financement du projet et son état. Les discussions, en particulier stratégiques, se font sur des espaces "ouverts" où chacun peut participer. Il y a affichage des membres et contacts possibles, ainsi que des procédures internes. Des espaces pour remonter et prendre en compte les tensions existent, et un mode de prise de décision a été choisi.

Intérêt -> Une gouvernance bien décrite favorise la confiance, l'inclusion du plus grand nombre. Sans processus de décision clair, la prise de décision collective reste limité et est alors souvent prises par quelques personnes, ce qui peut démotiver d'autres contributeurs. Si le processus n'a pas été défini, le projet prend le risque un jour de voir des personnes à la tête de l'initiative ou de nouveaux entrants décider seuls des grands changements de direction.

Exemples -> Avoir une possibilité de remonter des tensions ou d'améliorer le projet avec un processus pour faire des choix (consentement, vote). Par exemple, toutes les décisions importantes sont discutées chez Wikipédia, avec des modes de décision qui varient selon les choix fait par les groupes de personnes. L'utilisation d'outils comme Loomio pour prendre des décisions peuvent beaucoup aider à cela.

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Financement[edit | edit source]

Quelle logique de financement par les usagers et partenaires ainsi que de redistribution financière dans le commun ?

Description -> Le projet accepte les dons ou les adhésions de membres. Il a aussi mis en place une solution pour redistribuer ses financements de manière démocratique et transparente. Chaque contributeur doit pouvoir rentrer dans la gouvernance et lui aussi à son tour pouvoir bénéficier des financements du commun (pour éviter toute rente des "premiers arrivés" sur le commun).

Si le projet a mis en place un "prix" pour l'accès à son usage, celui-ci a été fixé de manière démocratique, avec une possibilité pour des usagers/contributeurs de participer à la fixation des prix.

Le soutien par des acteurs privés en sponsoring, en financement (investissement financier), ou privé classique (publicité, sponsoring) peut être intéressant mais représente aussi parfois des risques pour le "commun" qu'il faut identifier pour savoir les gérer au mieux. L'enjeu est d'éviter des conflits d'intérêt dans le projet, ou tout simplement des procès d'intention qui peuvent nuire au fonctionnement contributif.

Intérêt -> Par exemple, le don permet à ceux n'ayant pas le temps de contribuer financièrement au projet. La rémunération ouverte et libre permet de trouver une solution à la répartition financière d'un collectif, en évitant de le renfermer sur lui-même. Cela évite par exemple les organisations en silos que l'on retrouve parfois dans le monde associatif, où sont séparés les "salariés" du "conseil d'administration" et des "bénévoles".

Exemples -> La plupart des logiciels libres ont aujourd'hui un module de don. Par exemple en utilisant http://gratipay.com, patreon.com, tippee ou helloasso.com. Diverses méthodes existent pour redistribuer aux contributeurs, comme par exemple la méthode "gratipay" où chaque contributeur décide lui-même de sa rémunération de manière régulière et transparente. Des projets comme LaCoroutine décident collectivement de la fixation des prix et tout utilisateur du lieu peut participer aux décisions sur la fixation des prix. Les financements publics demandent souvent des contreparties qui orientent le projet dans une direction qui n'était pas celle souhaitée au départ. Des financements privés peuvent parfois demander à détenir une partie du projet et influer sur la gouvernance sans logique horizontale. Par exemple, Discosoupe a décidé de ne pas avoir de dons directement des grands magasins mais utilise des associations relais pour recevoir les dons en nourriture, ce qui évite le risque d'une réutilisation marketing des dons faits à Discosoupe.

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Co-rémunération : développer la dynamique de collectif impliqué. En testant ce modèle avec des gens prêt à jouer le jeu et qui peuvent faire un pas de coté par rapport à la logique prestataire (en faisant rentrer dans le budget contributif des personnes qui ont compris la démarche de contribution / rétribution). Voir partie "co-rémunération" pour plus d'explications dans ce pad travaillé durant le séminaire travailleurs des communs

Juridique[edit | edit source]

Quels choix juridique pour protéger le caractère "commun" du projet ?

Description -> Ce n'est pas la structure qui adapte le projet mais l'inverse. Elle se construit de manière itérative et chaque élément juridique a sa raison d'être par rapport à des usages des commoners. La structure juridique permet à la gouvernance horizontale de réellement se réaliser et aux logiques ouvertes de s'appliquer. Les changements de structure ne peuvent pas se faire sans l'aval de la communauté. Le capital ou la marque sont mis sous une protection juridique qui fait qu'il ne peut pas être revendu ou modifié sans l'accord de la communauté. Le projet développe du logiciel, des briques de fonctionnement ou du contenu sous licence libre.

Intérêt -> C'est un élément indispensable pour créer la confiance autour du projet et réussir la mutualisation. Les structures juridiques par défaut ont tendance à favoriser des pratiques qui ne sont pas toujours adaptées ou assez mûres au sein d'un projet (ex, avoir besoin d'un conseil d'administration, devoir nommer un président, etc...). Les repenser pour les adapter vraiment au projet permet d'éviter que le choix de structure modifie la direction en "biens communs" du projet. Cela permet aussi de favoriser la contribution sans avoir quelques individus qui profiteraient des contributions une fois que la marque prendrait de la valeur. C'est aussi un outil important pour favoriser la bienveillance et éviter des procès d'intention.

Exemples -> Par exemple, Debian met la marque dans l'association SPI, qui n'a aucun pouvoir sur le projet. Cela fait que la marque n'est plus un enjeu et n'a plus de valeur pour la communauté. En faisant cela, Debian enlève une des contraintes classique à la contribution (http://www.spi-inc.org/). Autre exemple, Couchsurfing est passé d’une association ouverte à tous à une société appartenant à quelques personnes, alors même que le projet a été développé grâce à des dons et des contributions de nombreuses personnes de la communauté.

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Partage[edit | edit source]

Définir quels sont les "communs" proches ou similaires ?

Si ils ont été contactés pour essayer de mutualiser avec eux ? Comment le "commun" est travaillé pour favoriser sa réplication, sa diffusion ?

Description -> Le projet diffuse ses recettes de fonctionnement pour facilement les reproduire. Il est pensé de manière "modulaire" (separation of concerns") de manière à s'appuyer lui-même sur d'autres "communs" ou produire de multiples nouveaux communs appropriables plutôt qu'un seul qui ne pourra pas être réutilisable. Il est pensé pour mutualiser avec d'autres initiatives proches dans le but d'éviter des démarches de compétition et afin de mettre les forces autour d'un même projet.

Intérêt -> C'est la capacité à unir des personnes autour d'un enjeu qui va permettre de le développer rapidement. Aussi, documenter son fonctionnement permet la réplication du projet par d'autres et facilite l'appropriation du concept par tous. Réussir à mutualiser est une des clés du développement des communs.

Exemples -> Partager ses recettes ou "codes-sources" grâce au site http://movilab.org par exemple. Rejoindre des groupes de travail thématiques. Par exemple, Disco Soupe a mis en ligne toutes les informations pour facilement démarrer une discosoupe sur son territoire. Dès qu'une initiative démarre, un travail de veille est à réaliser pour se mettre en lien avec des personnes qui ont un projet similaire, ou rejoindre un projet déjà existant. Il y a par exemple une mutualisation très importante autour de 'encyclopédie wikipédia : Plutôt que des centaines d'encyclopédies concurrentes, le projet a réussi à fédérer un grand nombre d'acteurs. Des initiatives similaires décident parfois de se regrouper pour unir leurs forces.

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Les outils de développement des communs[edit | edit source]

Chaque critère devra mettre en lien les outils utilisés pour réussir à contribuer aux communs. Cela permettra aussi de faire remonter à La Fabrique les bonnes pratiques pour produire des communs, permettant d’améliorer un futur didacticiel d’aide à la construction de tels projets.

Vous retrouverez des exemples plus approfondis sur les outils à travers les pages du wikibook dédié à la production de communs, en particulier sur la partie "contribution".

Quelques exemples d'outils utilisés pour produire collectivement des communs :

  • Des espaces de discussion et des espaces d’écriture collectifs asynchrones et synchrones,
    • Pour échanger en direct (chat) : Slack / WhatsUp / Facebook Messenger / Gitter
    • Pour échanger collectivement en ligne : Framalistes / Google Groups / Yahoo Groups / Mailman / Sympa / Groupes Facebook / Discourse
    • Pour écrire ensemble : Wiki / Google Drive / EtherPad (Framapad)
  • Des outils de vote, de prise de décision, de médiation,
    • Loomio / Communication Non Violente
  • Des modèles de structures juridiques adaptés aux communs
  • Des outils de budgets participatifs, des moyens de recevoir et répartir des financements,
    • Cobudget / HelloAsso / Gratipay.com / Patreon / Plateforme de crowfunding
  • Des gestionnaires de tâches collaboratifs,
    • Trello / Libreboard
  • Des tiers de confiance pour assurer des relations économiques saines avec le commun

Ces outils et les pratiques associées se répandent et s’accélèrent actuellement. Cela nous permet d’affirmer que la gestion collective des communs, qui a déjà été largement facilitée avec le numérique, va encore se simplifier dans les mois et années qui viennent. La Fabrique aura pour rôle de transmettre ces nouvelles solutions.

Une formation[edit | edit source]

La Fabrique devra offrir un dispositif pédagogique et un accompagnement continu sur la culture des communs aux acteurs de l’écosystème.

Cette formation pourra inclure entre autres les éléments suivants :

  • sensibilisations pédagogiques et prises de consciences,
  • veille et communication sur un ou plusieurs exemples réussis,
  • outils juridiques et numériques, méthodes de travail et d’animation pour construire des communs.

La Fabrique sera elle-même construite comme un commun pour faciliter son utilisation, son évolution, sa réplicabilité en Europe. Cela permet également la mutualisation des outils et des méthodes avec d’autres Fabriques à venir dans d’autres domaines.

Aujourd'hui, de nombreuses ressources sur ce sujet existent sur le book https://fr.wikibooks.org/wiki/Construire_des_communs ou le site http://unisson.co/